Le professeur Saturné Salomon, Sasa pour les plus intimes, décontracté à l’extrême, chaleureux et surtout compréhensif, fait partie des membres du corps professoral avec qui on a l’impression que l’on peut parler de tout. Au sein de l’APS, nous avons eu l’opportunité d’en apprendre plus sur ce personnage qui fêtera bientôt son jubilé d’argent en tant qu’enseignant à l’institution Saint Louis de Gonzague.
De l’ENS à SLG
Diplômé de l’ENS (École Normale Supérieure), M. Saturné a commencé à enseigner dès 1997 quand Mme Benoît Jaelle, co-directrice du collège antillais de l’époque, l’a recruté comme professeur de littérature. Ce n’est qu’en octobre 2000 qu’il intègre le corps professoral de SLG, en classe de rhéto, sous la direction de Frère Charles Coutard.
À l’instar de ces deux institutions, il a aussi eu un parcours qu’il qualifie de « dents de scie » dans une dizaine d’autres établissements, qui malencontreusement ne sont pas parvenus à résister ni aux aléas politiques ni à certaines catastrophes naturelles.
La vocation d’enseignement
Il nous raconte que dès la classe de sixième (7ème Année Fondamentale), il excellait déjà dans l’art d’écrire, que ce soit des billets doux pour les amis du quartier ou de rédiger des devoirs de français pour de modiques sommes. Pourtant, rien ne semblait le destiner à cette vocation. Cependant, « À un carrefour de la vie où les méandres existentiels peuvent surprendre, on s’agrippe à la première branche pour ne pas dégringoler une piste escarpée et glissante. J’étais tout surpris de me voir à l’ENS. »
Une vocation avec des hauts et des bas
Le plus dur pour les enseignants de français reste la correction des devoirs (dissertation, étude de texte, commentaire composé…). Mais je suis récompensé de ma corvée de correction quand je découvre un devoir réussi d’un élève réputé faible ! Et si la progression devient récurrente, j’éprouve une joie indicible de voir que mes efforts ne sont pas vains !
Un choix qui en vaut la chandelle
Il est vrai que certaines fois les lacunes à combler s’apparentent à une besogne de Sisyphe. Pour lui, le mérite d’être enseignant, « c’est qu’on ne cesse d’apprendre, de peaufiner son apprentissage, de mieux comprendre la nature humaine. C’est l’une des rares professions où, quand on partage ses connaissances, on n’en reçoit davantage. » Ainsi, l’apprenant qui dérange le cours ignore tout le temps consacré par son professeur pour le préparer.
Quand on le regarde sous cet angle, le professeur ne perd rien. Et s’il arrive que d’autres apprenants participent activement au cours, le professeur continue à enrichir ses connaissances. D’ailleurs, il avance : « J’ai davantage appris en enseignant qu’en suivant des cours à l’ENS ou à la faculté de Droit. Le nombre incalculable d’ouvrages lus, les recherches, les échanges avec le corps professoral et mes apprenants m’ont ouvert un univers fantastique où la positivité, la puissance de l’esprit, la soumission à mon Créateur me contraignent à voir autrement les épreuves de la vie. Elles sont nécessaires à une vie épanouie et nous permettent de comprendre : ‘À tous maux, il y a deux panacées : le temps et le silence’. »
Ainsi, beaucoup de ses élèves ont été pour lui une source d’inspiration : les plus faibles l’ont aidé à être plus tolérant et patient, les plus bavards n’ont cessé de poser des questions d’actualité pour animer ou ralentir le rythme du cours. Oui oui, vous connaissez.
D’un autre côté, ceux qui ont un caractère difficile ou même impertinent l’ont toujours incité à être attentif à leurs manières d’être, car c’est peut-être une façon d’attirer l’attention ou tout simplement de demander de l’aide. Parfois, il garde pour lui les anecdotes qui sont « un exutoire à mes moments de détresse ».