Je connais le nom et le visage de Will Hodgson depuis que j’ai dix ans. Que les années passent vite. Voilà qu’aujourd’hui je suis déjà « granmoun » comme je le dis assez souvent.
J’étais en 8e (primaire) au Sacré-Cœur et je souffrais la pénitence inculquée aux dernières de famille qui devaient obligatoirement attendre leurs aînées après la fin des classes. A cette époque, la toute petite salle de répétition de la chorale était sous les escaliers du 2e bâtiment du primaire, tout près de la salle de piano où je devais me rendre par moments. Voulant souvent être à l’écart des extravagances de certaines camarades à l’école, je m’asseyais tranquillement au dos du mur attenant à la salle de répétition et écoutais les mélodies que l’on chantait.
Et ainsi j’apprenais intérieurement des chants tels que « le beau Danube bleu », Mon bel ange va dormir », « Réveille-toi, O Venise jolie», et j’en passe. Il y a des chants dont je ne me rappelle plus si je les ai formellement appris ou si j’étais forcée de les apprendre.
Arrive maintenant mon entrée en 6e secondaire. Pour ma mère, si sensible, qui déjà ne voulait pas me voir souffrir davantagedans les activités sportives, la chorale était, bien entendu, un choix plus qu’idéal. Puis vint le fameux jour où j’entrai dans cette salle de répétition pour mon audition. J’ai été assignée aux sopranos. A mon avis, l’année s’était bien passée et ajoutés à cela, plus que jamais, les bons moments de chant avec mes sœurs. On ajoutait à nos répétitions à la maison des chansons contemporaines de l’époque, les classiques, ainsi que les autres genres de musiques, même le rap… qui l’eût pensé.
Hodgson, sans t’en rendre compte, tu ravives la confiance en soi chez certains jeunes, la passion de la musique, la créativité (improvisation d’autres voix qui magiquement s’accordent à celle existant, pour donner de beaux sons), l’écoute, la discipline et l’entraide.
L’année suivante (1996), en 5e, la chorale devenait la chorale Sacré-Cœur/Saint-Louis, et avec cela, plus de rigueur, plus de répétitions, plus d’activités, plus de responsabilités.
Et plus je grandissais au sein de la chorale, plus je comprenais pourquoi je considérais qu’elle était une famille. La chorale m’a appris à aller vers les autres malgré ma timidité et mon désir de rester dans mon coin. M. Hodgson, tu t’en es bien assuré,avec un ingénieux programme à l’époque, que chaque aînée soit responsable d’une nouvelle. Un programme qui perdure encore : il y a toujours certaines d’entre nous qui s’appellent mutuellement « manmi, tatie, cousine »…. Et on a su garder contact jusqu’à présent au-delà de nos obligations individuelles.
Les années passent et la chorale ne devient plus une obligation, mais une nécessité. M.Hodgson, tu ne t’es pas rendu compte combien de « vrais amis » tu nous as permis d’avoir, des gens de valeur sur qui on peut compter, des gens respectueux qui nous guident et qui nous tirent les oreilles quand on emprunte une mauvaise voie. Tu nous as créé beaucoup plus que des activités et on a appris à partager les mêmes valeurs. Avec la chorale, ces amies sont devenues des membres de ma famille.
Et maintenant, cela créait beaucoup d’activités pour ma famille élargie. On passait la journée à l’école ensemble, mes amies et moi; les samedis, on se réunissait chez quelqu’un pour manger, fêter une quelconque opportunité que la vie nous donnait, et ainsi apprendre à mieux connaître chaque membre de nos familles, à s’amuser et le plus important, à toujours rendre grâce au Bon Dieu dès qu’on en sentait le besoin à travers le superbe chant « l’Eternel nous bénisse ». Jusqu’à présent, ce chant demeure pour certains, spécialement pour moi, une prière quotidienne que je n’aurais probablement jamais apprise si je n’avais pas intégré la chorale.
Tu as su nous inculquer de petits gestes qui nous marquent à jamais et qui ont permis à chacun d’être la personne qu’elle est aujourd’hui. Tu as su accepter tous les caractères, tu nous as inculqué la tolérance avec ton sens de l’humour aussi.
L’univers de la chorale a été un temps pris aussi pour sortir du confort quotidien et braver des réalités différentes qui permettent à chacun d’en apprendre davantage sur lui-même.
Pour tout cela, j’ai toujours été d’accord que la chorale est une grande famille.
(Lucine Lominy)